" Face au nouveau démantèlement de l'Etat de Droit
avec la casse du Code du travail
BESOIN D'INVENTER ET DE PARTAGER EN COMMUN
UNE NOUVELLE SOCIÉTÉ."
  

 Il nous faut être à la hauteur des enjeux, nous renouveler avions-nous dit.
Ce jeudi 24 mars 2016 l’Atelier invitait à une rencontre autour du Droit du Travail et de la loi El Khomri .
Matthieu BARBERIS (étudiant syndiqué à l’UNEF) ouvre la séance, présente les intervenants et replace cette « loi travail » dans l’histoire des luttes sociales.
Bernard FRIOT, (économiste et sociologue Réseau Salariat) localise son intervention en rappelant l’occupation des usines Dunlop, de Montluçon en 1945, par les syndicalistes puis la fin de cette réquisition…Nous sommes dans la même situation, jusqu’à quand allons nous faire l’inventaire des usines qui disparaissent de notre pays ? La loi El Khomri n’apporte rien de nouveau, elle est la continuation de 40 ans de dérives, même sous la « Gauche plurielle » nous avons participé à ce glissement ! Cette loi ne fait que prolonger des éléments déjà existants. Pourquoi sommes-nous incapables de nous opposer à cette dérive ? On fait diversion par des mesurettes dérisoires. Ce n’est pas ce qu’appellent tous les mouvements, depuis 2010 nous sommes en échec, par une incapacité à assumer cet élan. Il faut trouver d’autres idées, autre chose que de vouloir taxer les profits. En 1946, la classe ouvrière a créé le régime général de Sécurité Sociale et le taux unique de cotisations géré par la classe ouvrière (1/3 de la masse salariale nationale sans difficultés) Il faudrait envisager une hausse du taux des cotisations (7%) qui serait affecté au salaire à vie. Démonstration : actuellement il y a environ 750 000 jeunes par cohorte (18/23 ans) si on leur attribut le droit au 1er niveau de qualification attaché à la personne soit 1 500 € -sans être aliéné au patronat- cela représente 63 MM d’€ soit 3% du P.I.B sur 5 ans ; car les jeunes et les travailleurs sont seuls producteurs de valeur…. on s’attaque ainsi à la propriété lucrative. Il n’y a pas de « bonne » politique publique sans expropriation des propriétaires.
Jean GERSIN (Syndicat CGT du Livre) Nous ne manifestons pas pour protester mais pour gagner ! Contre Valls/Macron/El Khomri ! La défaite n’est pas liée à ceux d’en face mais c’est notre défaite face au pouvoir. Nous ferions confiance au gouvernement ? Faisons le bras de fer et tant pis si le gouvernement tombe : ce n'est pas le nôtre ! En 2015 : loi Macron prêtant régler les litiges patrons/ouvriers en dehors du Code du Travail. C’est la Jeunesse qui ébranle l’inertie des vieux appareils. Sur quoi repose la force du gouvernement à part sur notre faiblesse ? L’UNITE viendra d’en bas, des AG des étudiants et de celles dans les entreprises. La force du gouvernement repose aussi sur la collaboration de la CFDT. Bloquer la Loi, c’est sortir d’un sortilège où la CFDT colmate …….S’il y a problème on cherche un repreneur si bien que les ouvriers n’ont aucun droit… Le temps social n’est pas le temps électoral…. Réagir face à la baisse du tonus syndical (Air France, Good Years,….) .
Jean-Louis BORIE (avocat Syndicat des Avocats de France) en arrivant il dépose devant lui un exemplaire du « Code du Travail » avec une petite pancarte « Touche pas à mon code »….. et commente : « je fais un peu de provoc » Ce qui me plait ici c’est que nous cherchons ensemble des perspectives. Etat d’Urgence/état de droit…seuls 6 députés ont voté contre à l’Assemblée…. Ici le terrain des Libertés et le terrain du droit du travail se réunissent ! Déjà la loi « Auroux » avait annoncé la fin de la hiérarchie des normes ; aujourd’hui le changement est total avec les accords d’entreprises. La perfidie du gouvernement est dans la communication, il présente la « Loi Travail » comme un avancée, un plus ! Exemple avec la prolifération des mutuelles la Sécurité Sociale se désinvestit au profit du privé, c’est une déréglementation absolue ! Il s’agit d’une stratégie consciente et organisée. L’atteinte au « Code du Travail » c’est toute la jurisprudence qui s’écroule, en fait Valls a très peu reculé. Le barème indicatif permettant de qualifier le licenciement abusif n’existe plus. Avec les accords d’entreprise c’est la fin du salariat protégé : si l’ouvrier n’est pas d’accord il saute ! Le monde du travail a plus souffert (morflé) pendant ce quinquennat que du temps de Sarkozy, c’est la suppression de tous les outils judiciaires. *** Nous devons tout faire pour gagner !
Cyril ESCOFFIER (L.E.M de Montluçon- UNEF/ UNL) Dans les lycées, les jeunes ont pris conscience du futur qui leur est proposé, grâce au réseau Internet « on vaut mieux que ça » et à la référence avec le CPE. Les jeunes sont vraiment touchés. Ils s’auto-organisent et veulent la convergence des luttes avec le monde du travail. C’est un moment important et salutaire dans la perspective de 2017, car leur politisation va changer la donne politique. Il nous faut porter les aspirations des jeunes.

Interventions liminaires de nos cinq invités.

INTERVENTIONS DANS LA SALLE/
1 – Franck Lebas intervient en tant que responsable Auvergne de « Réseau Salariat » Les mouvements actuels sont des moments continus que l’on peut relier et qui constituent un ensemble très dangereux pour les jeunes. A ce projet, il nous faut opposer un autre projet de la même force et qui lui aussi a une histoire…..
2–Pierre Mothet (conseiller municipal Front de Gauche à Montluçon) Il faut trouver et proposer de nouvelles méthodes de militantisme, et prendre en compte les situations individuelles et les difficultés de chacune et chacun à s'engager dans la lutte……
3 - Arthur (étudiant Clermont-Ferrand). Ce jeune évoque le problème de l’engagement des jeunes. A Clermont, les lycéens se mobilisent bien et dans la durée mais les étudiants restent en dehors du mouvement. Serait-ce la défaite de 2010 ? Mais si on reste à étudier pour courir après un diplôme à quoi servira-t-il s’il n’y a pas de boulot ? Nous, on étudie aussi pour tous les jeunes qui n’ont pas les moyens d’étudier, il nous faut reprendre la parole ! « Pas de diplôme = pas de boulot ; trop de diplôme = pas de boulot »
4 - Philippe Soulié (Solidaires) évoque un document de 1995 ( Denis Kessler vice-président du MEDEF) où étaient décrits les modes opératoires que nous vivons, mais actuellement il y a une forte accélération du processus envisagé initialement. Le mouvement actuel est très encourageant et doit s’amplifier, il y a déjà des projets : nuit rouge, appel des 100 syndicalistes….
5 – Jean Gersin, il faut des grèves fortes qui portent les mouvements au-delà.. Déjà il nous faut être modestes et se donner la tâche d’un GRAND 31 mars !
6 – Alexis Mayet (Ensemble! Allier) La mobilisation n’est pas que contre le projet de loi, mais elle est un début….. Les jeunes étudiants actuels n’ont jamais connu de batailles, ils ont été formatés pendant leurs études, ils doivent procéder à un ré apprentissage. Ils veulent, à terme, une alternative politique.
7 – Lidia Lebas (Maitre de Conférences Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand) Il nous faut être à la hauteur des enjeux, faire de la pédagogie, se renouveler à l’instar de Podemos. A la fac de lettres (à Clermont) je vois venir un nouveau langage qui s’adresse aux vrais gens, il nous faut une propagande intelligente.
8 - Bernard Friot : nous avons derrière nous 40 ans de dérive, allons nous continuer sur des programmes qui empêchent de gagner ? A la difficulté de la jeunesse à s’intégrer au marché du travail il faut opposer autre chose que la sécurité emploi/formation. On peut tout produire sans actionnaires ni prêteur. Nous devons avoir un mot d’ordre à la hauteur de celui du patronat : les salariés veulent les primes (de licenciement) les plus hautes, on leur propose un repreneur qui les spolie 2 fois….
9 – Mireille Pasquel (RESF) La lutte, il faut la faire sinon on perd forcément. Le chômage pèse trop lourd. Qu’en est-il du travail des étrangers ? Pourtant ils contribuent au développement de l’économie. Le travail est un droit humain, quand on travaille on est utile aux autres… Il y a aussi le cas des « détachés » pour qui les cotisations sociales sont payées dans d’autres pays, sans parler des « détachés » illégaux…. Les étrangers ne demandent qu’à travailler…….
10 – Jean Gersin : ayons le « cœur chaud et la tête froide »
11 – Cyril Escoffier : il faut aller vers les 32 h, le mouvement va continuer….
12 – Jean Louis Borie : changer le langage, nous avons besoin de tous et de rester proche de la réalité des militants sur le terrain. Il faut obtenir le retrait de la loi ! En même temps gérer le collectif…..
13 – Matthieu Barberis : nous devons mesurer le chemin parcouru du « JE » de Charlie au « ON » vaut mieux que ça………… Le collectif apporte une dynamique face au cynisme des explications présentées sur la loi…..allier le pessimisme de l'intelligence à l’optimisme de la volonté (Antonio Gramsci). Il nous faut être pédagogues…..

Pour clore cette soirée particulièrement intéressante Alain Passat remercie les 100 personnes présentes et appelle à la grève le 31 mars….

Le débat avec la salle.

Hérité de "Nuit Debout" à République un outil Internet pour mettre en ligne des sons. La radio web est accessible dorénavant dans le Menu.

 

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