DEMAIN SE PRÉPARE AUJOURD’HUI
Les possédants, les milliardaires, les actionnaires qui font de l’État l’assurance tout risque du capitalisme ne sont pas confinés. Ils pensent, ils recherchent, en vue de définir les moyens qui leur permettront de durer. Pour cela, ils savent qu’ils doivent impérativement renforcer leur domination par tous les moyens, y compris avec des formes de plus en plus autoritaires.
Pour la survie de la planète et celle du genre humain, il est tout simplement obligatoire de trouver au plus vite comment se débarrasser de ce capitalisme prédateur et de sa fermentation néo-fasciste car la déferlante planétaire du Covid 19 est en train d’agir comme un révélateur des injustices et des failles tragiques d’un système économique à bout de souffle.
Les salariés, les citoyens qui font, d’une façon ou d’une autre, l’expérience d’une véritable auto-organisation de la société et d’une solidarité de haut niveau, ne peuvent-ils se donner les moyens de bousculer la donne pour que demain ne ressemble pas à hier ?
Parmi des signes encourageants pour entreprendre cette immense tâche, nous voudrions citer des extraits d’une étude de la société Via Voice : 69 % des Français jugent nécessaire de « ralentir le productivisme et la recherche de rentabilité » et 70 % de « réduire l’influence de la finance et des actionnaires sur la vie des entreprises ». Ils considèrent comme « biens communs indispensables à tous » qu’il serait interdit de « fragiliser à l’avenir » : les hôpitaux, la Sécurité Sociale, l’eau, l’air, la biodiversité et l’éducation nationale.
N’y a-t-il pas là un terrain favorable pour entreprendre de rompre avec les logiques d’austérité et de rentabilité financière et surtout de préparer un nouveau modèle économique ? N’y a-t-il pas là une source d’énergie citoyenne pour conjurer le péril écologique qui menace notre humanité ? N’y a-t-il pas là des éléments pouvant stimuler l’imagination et la créativité dans la recherche de solutions nouvelles ?
Le résultat de cette étude ne confirme-t-elle pas que nous allons sortir d’une expérience collective très forte ?
Des réactions humaines les plus remarquables se sont à nouveau manifestées : la solidarité, l’entraide, les services publics au premier rang desquels celles et ceux de la santé et tant d’autres comme les pompiers. Des métiers sont apparus comme essentiels : personnels des EHPAD, agents d’entretien, éboueurs ; le secteur associatif a fait, encore une fois, éclater au grand jour le rôle irremplaçable qui est le sien.
Ces capacités professionnelles, ces admirables dévouements, ces esprits d’initiative ne contiennent-ils pas en eux un champ des possibles radicalement différent de ce que les tenants du capitalisme nous imposent ?
Au total, le peuple de France a une nouvelle fois fait la démonstration de ses aptitudes à prendre ses responsabilités, à faire face dans les moments les plus difficiles.
N’y a-t-il pas là des capacités gestionnaires, que ce soit au niveau des services publics, mais aussi des entreprises privées et au-delà, des aptitudes réelles à prendre en mains les affaires du pays ?
Ou encore, la crise que nous vivons au cœur de laquelle est la crise économique ne peut-elle ouvrir la perspective d’une économie sans actionnaire ? En effet, si c’est l’argent public qui va garantir les salaires durant un temps ainsi que les cotisations sociales, la contrepartie ne doit-elle pas être le départ des actionnaires ?
Pour faire face à ce qui attend le peuple, plus particulièrement les travailleurs, n’avons-nous pas besoin plus que jamais d’espaces d’échanges, de débat, pour mettre en forme la société à laquelle nous aspirons et qui sera le carburant des indispensables actions et luttes à venir ?
Voilà pourquoi, alors que nous sommes encore confinés et que les rassemblements et réunions semblent repoussés assez loin, nous, les animateurs de l’Atelier, qui continuons d’échanger à travers des réunions téléphonées, vous appelons, pour ne pas perdre de temps, à nourrir un débat, via internet.
Chacune, chacun peut y contribuer à partir de son ressenti de la situation actuelle, avec ses idées, sa façon de voir. Nous échangerons nos analyses, nous nous enrichirons de nos points de vue respectifs. En formant un collectif de débat, nous travaillerons à créer des collectifs de propositions et tout autant des collectifs de résistance.
Relions-nous pour réfléchir et proposer ensemble en vue d’agir dès la sortie du confinement. Au fond, les luttes de demain ne commencent-elles pas dès aujourd’hui en dessinant cette nouvelle civilisation dont nous avons tant besoin ? Nous pourrions aussi faire nôtre l’affirmation qu’il est grand temps de dire que nulle action à visée émancipatrice n’est désormais possible qui renvoie aux calendes grecques l’exigence d’engager la grande tâche de sortie du capitalisme.
Nos échanges, nos contributions aux luttes à venir seraient un appel à ne plus accepter que nos vies nous soient volées par le capitalisme.
Ensemble, nous pourrons dire « faisons de cette crise un moment de vérité ».